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Exclusivité FME : single + entrevue avec Navet Confit

Lors de son spectacle le 4 septembre prochain, Navet Confit présentera au FME son nouvel album, dont la sortie est annoncée pour le 18. Réalisé en équipe avec ses acolytes Lydia Champagne (batterie), Carl-Éric Hudon (basse) et d’autres invités, l’album qui contient 18 nouvelles chansons – aux titres savoureux, caractéristique du travail de Navet – promet d’être plus… punk.

Le musicien et sa Meute nous font cadeau du premier single, juste ici, en exclusivité sur le blogue officiel du Festival. Pas pire, hein? J’ai eu le plaisir de lui poser quelques questions pour avoir une petite idée de ce qui nous attend avec l’album LOL.

Mannequin de magasin / LOL / Navet Confit :

Mélanie Jannard : Quand je t’ai croisé l’autre fois au théâtre – ça nous donne un air cultivé –, tu me disais que le nouvel album allait être plus punk. Comment ça, donc?

Navet Confit : Ben en fait c’est un album de punk, mais j’ai jamais été punk. C’est un peu un exercice de style, une façon d’aller à l’extrême, être un peu plus radical qu’avant, dans un esprit assez juvénile, adolescent, niaiseux… Mais tout ça est géré par quelque chose de plus sérieux dans la démarche; c’est pas purement juvénile, mais dans l’esprit, oui. La première fois que t’écoutes Nevermind en cassette : je voulais recréer ça. Je voulais mettre des guitares fortes pis gueuler.

L’idée derrière ce virage-là, ça vient d’une conversation avec mon booker, Guillaume Ruel. On a quand même fait des bons festivals, mais dans des salles, j’ai de la misère à me booker, parce que j’ai comme une réputation de « c’est ben trop fucké! », alors que je considère que je fais de la pop. Ça fait que tant qu’à être barré… C’est une blague, aussi; c’est pour ça que l’album s’appelle LOL.

C’est très exigeant d’enregistrer ça à la journée longue. C’est pas le genre de musique que j’écoute, mais j’aime ça en faire.

MJ : Mais revenons à LOL : pourquoi?  

La pochette de l'album LOL, confectionnée par Navet lui-même.
Navet Confit a réalisé lui-même la pochette de son dernier album, LOL.

NC : LOL, parce que c’est comme une joke. Parce que c’est une joke de dire
« lol »; parce que « lol », c’est vraiment passé date, alors ça devient un 8e degré de « lol ».

Y a beaucoup de choses drôles sur l’album, mais y a aussi des choses déprimantes. J’aime les mettre une à côté de l’autre. Le collage que j’avais déjà commencé, avec des chats, vient bien compléter ce que j’ai voulu faire avec l’album. Le côté Internet, c’est une représentation de comment je vois cette façon-là, maintenant, de rencontrer des gens, ou même de vivre. C’est étourdissant, pis c’est pas toujours très reluisant. Ça saute d’un état d’esprit à l’autre. C’est cheap ; y’a beaucoup de cheap sur Internet.  C’est un condensé de comment je me sens, présentement, à l’ère où on vit.

MJ : Et pourquoi avoir choisi « Mannequin de magasin » comme premier single radio [ndlr : j’étais sûre d’avoir lu ça!] – surtout : pourquoi elle se retrouve trois fois sur l’album?

NC : Y a pas de single radio sur l’album! Ça peut vraiment, mais vraiment pas aller vers des radios commerciales; pis ça, je le savais déjà. De là, la chanson « Radio commerciale » sur l’album. « Mannequin de magasin », c’est vraiment niaiseux : je l’ai écrit, on l’a joué presque tout de suite. On l’a monté, on l’a joué une fois en show, pis c’était ça déjà. Après, j’aurais pu faire des shows complets avec juste ça. Des fois, on la faisait trois fois, en joke. À un moment donné, les gens réalisaient qu’on niaisait, mais on se la faisait quand même demander en rappel.

Martine de La Meute avait vu ça en show. Elle m’a demandé : « pourquoi tu la mettrais pas trois fois sur l’album? » C’est même pas mon idée! Je trouve ça merveilleux d’avoir un label de même. Au fond, cette tune-là, elle a l’air niaiseuse, mais y a une grande part de mélancolie et de tristesse. Y’a une profondeur.

MJ : Je me risque avec la question radiophonique : « Alors Navet Confit, à quoi est-ce qu’on peut s’attendre le 4 septembre prochain à Rouyn-Noranda? »

NC :  On va jouer LOL en bonne partie. On va aussi piger dans l’ancien répertoire, évidemment, mais en donnant une grande place au nouvel album. Parce que c’est ça que j’ai le goût de jouer. Avec cette formule power trio, ça tombe souvent dans des cordes un peu plus « dans ta face ». Plus grunge, plus rock.

Y aura peut-être une surprise, aussi. Mais je sais pas si je devrais le dire tout de suite. Je vais le dire juste à toi :

[Off the record]

MJ : Woah! Et pour finir, as-tu des conseils pour les gens qui vont aller au FME?

NC : J’ai le gout de citer Alaclair Ensemble. J’ai tu le droit de faire ça? « Faites juste des p’tites drogues, pas des grosses drogues. »

Navet Confit sera en spectacle le 4 septembre à 23 h dans le cadre du FME à l’Espace lounge Hydro-Québec, situé sur la 7e Rue à Rouyn-Noranda. L’album LOL sera en vente dès le 18 septembre.

Je serai cette personne

Déjà août demain. Au parc Jean-Drapeau, c’est Osheaga. Dans Hochelaga, c’est plutôt tranquille. J’ai clairé mes contrats les plus urgents et je scroll les réseaux sociaux en attendant trois heures et quart : moment précis où le facteur mettra peut-être dans ma boîte à malle le chèque que j’attends avec impatience.

Dernièrement, j’ai quitté un emploi stable pour travailler à mon compte, sans trop évaluer ce qui m’attendait. Tant qu’à y être, j’ai décidé de travailler sur mon laisser-aller. J’essaie d’être plus zen.

Voilà que les petites pointes cyniques arrivent d’un peu partout. Ridicule; les gens sont irrités parce que d’autres, à Osheaga, étalent un peu trop leur joie. Ils semblent avoir plus de plaisir qu’eux. Remettons-les à leur place. Oh, et je plaide coupable : je me souviens moi-même, il y a quelques années, avoir publié une série de looks du jour avec le triste hashtag #nosheaga.

J’étais pas à Osheaga, mais…

Peut-être que ma réaction relève davantage de l’égoïsme que de l’inverse? C’est qu’en fait, je sais très bien que dans moins d’un mois, je serai cette personne. Au FME, j’aurai beaucoup de plaisir. Et voici à peu près pourquoi je vous énerverais :

  • En montant, je prendrai en photo ma poutine à Mont-Laurier.
  • Le lendemain matin, j’instagrammerai plutôt le menu de Chez œufs.
  • Je découvrirai un jeune artiste qui, quelques mois plus tard, sera le gros hit de l’heure et j’en ferai un commentaire déplacé.
  • Je vous dirai c’est comment, Tinder, pendant le FME.
  • Je publierai sans doute au moins un inside avec moi-même d’une impertinence sans nom.
  • En redescendant, je chialerai pour chialer, pognée dans le trafic à Rivière-Rouge; puis, je supprimerai. On est zen ou on l’est pas.

Qui m’aime me suive, comme on dit. Après deux ans de pause, j’ai décidé de me rendre à Rouyn-Noranda pour le FME. Sans partenaire de shows d’avance, sans sécurité financière, avec toutes les dépenses que ça implique et surtout, avec un seul but : ressentir de la joie.

D’ici là, il faut se reposer, beaucoup. Parce que bien que j’aie l’intention d’être plus sage qu’avant, ça risque d’en être une rough, on se fera pas de cachotterie. Ce soir, je vais aller me coucher tôt. Quand j’entendrai les jeunes saoulons rentrer du Morelli en hurlant comme des débiles, je me dirai : « hey, relaxe, veux-tu ? »

Tu as déjà été cette personne.