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Three night stand

Le FME est reconnu pour nous plonger dans un univers musical fantastique le temps d’une fin de semaine. Force est d’admettre qu’à chaque année, on nous surprend davantage avec des décors envoûtants, des expériences d’art social interactives ainsi que des installations mécaniques et architecturales évoluant autour de la thématique annuelle. Deer bunny snake wolf robotique.

Le paysage d’une ville se doit d’être dynamisé par l’art. Ça favorise l’économie, le sentiment d’appartenance à un quartier et augmente la dose d’endorphine que tu reçois chaque matin en allant travailler. Des autobus de Chinois qui débarquent avec leurs kodaks et un shirt de Mickey Mouse, c’est pas juste au stade olympique que ça peut arriver. Pour ça, il faut faire un effort collectif afin d’y arriver.

Le but derrière l’initiative, c’est de transformer l’eau en vin. Donner une seconde vie à un lieu désuet, simpliste, brûlé, mort, abandonné par sa mère dans un centre d’achat à Laval.

L’enseigne du vieux K-Mart a laissé une trace de rouille sur le nouveau Tigre Géant. Le bureau de poste qui est passé au feu en ‘73 est maintenant couvert de messages haineux provenant de mauvaises tounes des années 90. La fontaine de la Milice des Forces canadiennes pousse un jet d’eau de la puissance de l’abreuvoir d’une école défavorisée du tiers monde. Avant de s’en rendre compte, le panorama de ta région ressemble à un ghetto dans l’coin de Détroit, ville du rock.

Au cours des dernières années, le FME mise davantage sur des expériences artistiques et interactives afin de créer une ambiance de mise pour les festivaliers. Ces oeuvres, souvent éphémères, viennent enrichir et dynamiser l’aspect musical et rehausse les prestations uniques et mémorables. La musique comme coeur, le décor comme cage thoracique.

En parallèle, la ville de Sudbury nous offre le UP HERE, un festival qui met l’art visuel en avant plan et ensuite nous offre des prestations musicales. C’est dans un esprit de communauté que l’événement dynamise le centre-ville qui va gagner en charme d’année en année. Les murales créées pendant l’événement par une multitude d’artistes locaux et invités sont faites pour rester dans le paysage. Paysage de plus en plus éclaté de la ville franco-ontarienne de 160 000 habitants. C’est ça qu’on appelle bâtir sur ses acquis.

Le désavantage avec le décor envoûtant du FME, c’est qu’il est pas là pour rester. C’est comme un one night sauf que c’est trois nuits. Les projections hypnotisantes sur l’Agora des Arts, la porte du paradis de la 7e toujours gardée par des créatures mécaniques du royaume animal, les expériences sociales qui nous permettent de s’exprimer et de se questionner en tant qu’individu ou communauté. Boom. Disparu.

Le post-FME, c’est toujours une drop pour le moral et la Compagnie Créole n’y changera rien. C’est important de mettre de la lumière sur le chemin de Jacques qui vend des assurances. D’augmenter le sentiment d’appartenance du petit Jimmy qui se promène en BMX dans l’vieux. De mettre un peu d’chaleur dans le coeur de Léo qui va chercher son café gratis au McDo.

Garder l’oeil ouvert. Quartiers d’Hiver c’est maintenant.
The present (and the future ?) looks bright.

R’virez-vous d’bord!

On t’offre un stage pendant 60 minutes. La plupart du temps, je tape du pied. Des fois j’suis heureux d’en faire de l’acouphène. À d’autres occasions je sors d’la place avec la pêche ou avec la volonté du guerrier, celle qui me donne envie de me battre pour faire de demain un monde meilleur.

Prêt à dropper des Molotov pour défendre le dernier ours polaire. Crinqué pour construire une école au Guatemala avec des murs de glaise et un accès Internet.

Je veux rien de gratuit. Rien qui n’est que pour le plaisir. La preuve, j’aime pas trop Denis Lévesque quand il parle… ni quand il chante d’ailleurs.

Je veux de la substance.

Quelqu’un qui se donne corps & âme pour sa cause, même si c’est pas sexy. Même si la première rangée en reçoit un peu. C’est une vocation. Ça fait pas vendre des tickets à porte mais, quand même, c’est important de tomber en bas de sa chaise une fois de temps en temps.

Karlof Galovsky, le poète maudit et sa blonde, eux ils comprenaient la patente. Rien de fancy mais, tu touches du bois mon chum. Ce band-là, ça vaut ce que ça vaut, mais y’a mis toutes ses tripes pis ses REER là d’dans. F*ck’n’Sh*t Baby Love.

Même chose pour Annie Chartrand (Ma Blonde est une Chanteuse), la grande gagnante des Francouvertes 2006. Elle a pas la voix la plus tight mais, elle a assez de cœur pour faire exploser la tête à Jean-Pierre Ferland. Essaye de buster le 120 dB juste en éternuant. L’expression « tomber en bas de sa chaise » prend tout son sens ici. « R’virez-vous d’bord! RRRrrrAhhhh!»

Désolé de fouiller dans les boules à mites mais, Falardeau est mort, Rajotte est déplogué, les Cowboys Fringants boivent du pastis et maintenant Tommy Pilon (mon protestataire local préféré) nous quitte pour le soleil de l’Asie. Je lui ai d’ailleurs diagnostiqué une écoeurantite aigüe causée par le système politique provincial.

Tout ça pour dire merci à ce dernier. Merci pour la découverte d’une chanson somptueuse qui n’est pas sexy mais, you knowit just feels right! C’est Glen qui l’a dit, une chanson interprétée par Les Hôtesses d’Hilaire, démarre sur un ton humoristique pseudo-égyptien musique d’ascenseur et évolue tranquillement en manifeste stigmatisant. Y passent à tour de rôle ; la cuisine au micro-ondes, l’automatisation des processus de conception par les machines, la collusion en politique, l’inefficacité de notre système démocratique, le manque de transparence des figures publiques dirigeantes, la perte de nos territoires et de notre mémoire collective.

Et ça continue…

Est-ce qu’il s’agit uniquement d’une blague songée provenant d’un groupe farfelu qui donne dans le rock psychadélico psychotronique? Un terme probablement inventé lors  d’une chaude soirée à Moncton avec thématique Labatt 50 / Cards Against Humanity.

Peu importe. Le bien est déjà fait. J’ai retrouvé mon vieux modem/câble dans le garde-robe du fond. J’ai recommencé à manger des frijoles. 


Pour ceux qui veulent rire mais également être envahis par un sentiment « de faire de demain un monde meilleur », Les Hôtesses d’Hillaire seront présents les 11 et 12 mars au Diable Rond à minuit dans le cadre des Quartiers d’Hiver.