Ce serait facile de t’dire que j’suis scrap et fatigué. Pas très originale compte tenu des circonstances : c’était le FME et je suis dans ma jeune trentaine. T’inquiète, c’est pas un de ces textes qui va t’raconter que j’ai vomi ma poutine Morasse après avoir participé au wall of death d’une soirée métal.
Après quatre jours à balancer la vie de party, confort, surprises et moments magiques, on repart à Montréal ville fatale. Parce qu’il le faut.
Dans le char, on repasse par le parc dans lequel on souhaitait trouver la terre promise de tous les mélomanes et bons vivants de ce monde. Je peux le dire maintenant : c’était là! C’est là! C’est un secret de moins en moins bien gardé. C’est un moment que tu veux garder pour toujours comme un hypocrite. Et maintenant, c’est rayé sur ma checklist de vie ou de mort.
J’ai vécu et survécu à mon premier FME.
Dans la voiture, je r’garde le flou des arbres passer et j’me dit : « C’est fou comme j’ai eu l’impression d’être à Montréal« . L’ampleur de la chose, la présence des gens, la crowd habituelle. On dirait que j’étais à une soirée de lancement d’un artiste de BonSound et soudainement, tout le monde est tombé dans une warpzone, projetée à 600 km.
Maryse Boyce prenaient des photos. Laura Sauvage était dans la même file que moi pour aller pisser. Toutes mes amies et beaucoup de connaissances étaient là. L’industrie était là. Le photobooth faisait des .gif animés. Bref, c’est sur des airs de déjà vu que j’ai passé mes 4 plus belles journées de festival à vie. No joke.
Mais en même temps, on était pas à Montréal. Pas pantoute. J’aurais pas fait tout ce chemin pour retrouver la même chose un peu plus loin. J’ai trouvé que tout était tellement facile. Accessible. J’ai pas eu l’impression qu’on essayait de piger dans ma sacoche. Que c’était une « business » au sens propre du terme. J’avais l’impression que quelqu’un avait mon bien-être à coeur. Un festival qui avait mon bonheur à coeur. Plutôt de t’dire : « Ça va t’coûter 35$ si veux rentrer pis arrive 2h à l’avance » c’était plutôt : « Rentre parce qu’on est content de t’voir pis veux tu un thé chaï avec un soupçon de lait? »
Le FME est une matante qui est contente de t’voir.
On s’intéresse à la musique jeune . On s’retrouve beaucoup là d’dans. Identity crisis. Mais un jour j’vais avoir des enfants. J’aimerais pouvoir leur faire vivre ma passion d’mélo. Le drama de la musique. La beauté.
Je m’imagine à Osheaga avec un porte bébé et ça marche pas. Juste pour la chaleur je pourrais m’faire arrêter par la DPJ. J’pense que c’est ça que j’ai tellement aimé au FME; c’est un endroit où on peut vieillir avec la musique. C’est possible et même encouragé par le festival. Un père de famille qui chante dans un band de punk hardcore, une énorme table tournante pour que tes jeunes s’étourdissent, une marche de 5 minutes au soleil pour retourner dans un appartement sur le bord d’un lac. Pollué, mais quand même un lac.
À mesure qu’on s’approche du smog, je l’sens en d’dans d’moi que j’m’essouffle. Demain je vais aller travailler en prenant l’métro. Pie IX à Laurier c’est mon chemin. J’me sens épuisée, comme si j’portais du linge sale à la place de ma peau. Tannée que l’monde sourit pas dans le sous-terrain. Écoeurée de m’faire harceler par Greenpeace à la surface. Je r’pense au FME, j’me dit que c’est à ça que j’veux que ma vie ressemble.
J’ai pas d’roots en Abitibi, mais en attendant que la vie grouille en d’dans moi, l’Abitibi sera toujours dans mes égarements. Dans l’flou des arbres.
Vivre après avoir vécu.
*Illustration de Christian Beauchemin
Moi ça fait 8 ans que j’ai quitté Montréal pour Fouyn-Noranda.
Aucun regret sauf pour le amis et la famille que je tente encore et toujours de convaincre de venir nous rejoindre.
À bientôt!? ;)
Oups! Loin-Noranda. Pardon.
Moi je suis native de Rouyn mais exilée depuis 1998. J’ai participé à 12 FME et chaque année, a mon retour, j’ai les boules.
Je suis en manque ce bon, ce beau, ce joyeux!
Big up team FME