Jour 3

Calme soirée que ce samedi, pour moi du moins…

J’ai opter pour un repas chaud au lieu des 5 à 7… et maintenant que le froid s’est emparé de la ville, je me suis installée sagement à l’Agora des Arts pour la soirée… Il y a, je constate, une différence majeure entre vouloir tout voir, et y arriver réellement. Cette année, par contre, avec les spectacles présentés à l’Agora plutôt qu’au PAramount, tout est plus facilement accessible.

Mon corps voulait quand même se poser… et profiter de ce que l’Agora présentait…

La cinématogaphie de Voilà!
Le « j’attendais vraiment ce show et franchement je n’ai pas été déçue » Leif Vollebekk
Les toujours aussi grands Karkwa

Ce fut parfait, malgré quelques problèmes de moniteurs lors de la performance de Karkwa…

Je me suis dirigée ensuite vers la Forteresse pour The Sadies, mais visiblement je n’étais pas la seule, et c’était impossible d’entrer dans la salle. Même chose au Cab pour Parlovr…

Ce fut donc un départ vers le camp pour une nuit de sommeil entière, laissant la nuit électro à ceux qui avaient encore la force et de garder en tête la magie qui s’était opérée lors de la soirée à l’Agora des Arts…

Voici une photo, offerte par Cyclopes.ca de la performance que Karkwa a offert dans la galerie d’art L’écart, plus tôt dans l’après-midi:

Avaler l’étrange

L’obscurité était épaisse derrière les rideaux beiges de la galerie l’Écart. J’y suis entrée à tâtons, bousculant malgré moi quelques corps sombres, immobilisés devant l’ondoyante Dominique Pétrin. Sans visage dans cette pièce obscure, la foule s’était massée aux pieds de l’artiste, face au plancher jonché d’objets indéfinis, fluorescents sous l’éclairage ultraviolet des ampoules noires. Recouverte d’une peluche rose à longue queue, l’artiste interjectait, prise de convulsions, au rythme hypnotisant des coulantes mesures du DJ. Hors de toutes les logiques, aussi insolites auraient-elles pu être, le moment allait marquer… Char de tête d’une longue parade de l’étrange qui déambulerait mollement dans ma tête jusqu’à l’aube.

Dans l’enceinte de l’Agora, les mots s’élevaient pêle-mêle, enfantant un chaos de paroles et de cris. On y était, tous pour entendre, certains aussi pour dévorer, cette splendide femme-attraction qu’est Gigi French. Après qu’on eut regagner nos sièges et remplit nos gorges de liquides extatiques, les lumières s’allumaient et la belle apparaissait, les seins pointant d’une robe de soie noire qui allait émouvoir, regrettablement, plus que les agréables et enivrantes mélodies de l’aguerri sextuor.  D’abord délicieuse, la voix rauque de la « chaude printanière » allait cesser de chanter harmonieusement pour s’embourber dans des mots salis et éthérés. Une bien triste scène que j’allais prématurément et délibérément couper pour nager dans l’air humide du Petit Théâtre.

Et il n’y avait pas d’humide que l’air dans le grand cube noir de la 7e rue. Tout suintait… Murs, cheveux, bouches. Résidus mouillés d’une performance sans étincelles ni désastres des insouciantes et addictives Peelies. Sous un flot intense de lumière, c’est de tous ses membres que Jesuslesfilles exultait son excitation électrique, sa brutalité toute féminine. Amour, explosion, Satan, puissance. Et encore, toujours, l’étrange. Captivant. J’applaudi l’infinie générosité du rock de ces sacrés humains et voguai, vent dans la voile rouge de ma robe en feu, vers l’église.