Les travailleurs de l’ombre – épisode 4 | Le designer graphique

Ce mois-ci, on vous propose un autre intéressant portrait portant sur les travailleurs de l’ombre œuvrant au festival. Sans ces contributions inestimables, souvent bénévoles, le FME n’obtiendrait assurément pas le même succès. Alors, roulement de tambour… on vous propose de faire la connaissance de Yan Marchildon, graphiste et responsable de la signalétique au FME.

Yan Marchildon
Yan Marchildon / Crédits photo : Dominic Mc Graw

Être designer graphique pour un festival, c’est aussi exigeant que stimulant !

Dans le cadre d’un festival comme le FME, les tâches octroyées à un designer graphique sont variées et souvent attribuées à la dernière minute : « La plupart du temps, les demandes proviennent du département des communications du festival et les délais sont souvent serrés. Mais puisque j’ai souvent collaboré avec des organisations sportives montréalaises — Tennis Canada et le Canadien, entre autres —, je suis habitué à ce rythme de travail soutenu. Pour cette raison, je tiens à dire à l’équipe de communication du festival qu’elle n’a pas besoin de s’excuser lorsqu’elle m’adresse une demande ! », affirme en riant le sympathique Yan.

L’ABC créatif de la thématique annuel

Chaque année, l’équipe créative, menée par la directrice artistique Karine Berthiaume, doit concevoir la thématique qui sera mise de l’avant dans toutes les déclinaisons visuelles faisant la promotion du festival (affiches, publicités, bande-annonce, réseaux sociaux, etc.). « Habituellement, Karine effectue un premier exercice de recherche. Soit elle sollicite un artiste dont elle apprécie le travail au plus haut point ou soit elle s’inspire d’une œuvre qu’elle adore en prenant bien soin de demander l’autorisation à l’artiste en question. Par la suite, conjointement avec Karine, on expérimente des textures, des couleurs, toujours en cohérence avec l’œuvre ou l’artiste sélectionnée. En parallèle, un vidéaste effectue le même travail. L’idée, c’est de réussir à extraire les meilleurs éléments créatifs conçus par nous pour en faire une thématique cohérente qui « parlera » aux festivaliers », poursuit-il.

Karine Berthiaume
Karine Berthiaume / Crédits photo : Christian Leduc

Une image vaut mille mots

Au fil du temps, le défi créatif est de plus en plus colossal puisque le festival existe depuis 20 ans. « Après toutes ces années, Karine a dû délaisser quelques tâches, car à l’époque, c’était elle qui faisait à peu près tout. Cela dit, c’est toujours l’affiche qui est la pièce maîtresse sur laquelle s’appuient toutes les déclinaisons. La signature, la palette de couleurs, les logos des partenaires sont des éléments qui définissent également la direction visuelle que prendra l’affiche ». 

Par-dessus tout, Yan aime coopérer avec une équipe créative afin de trouver la meilleure manière de véhiculer un message. « Mon père était propriétaire d’une entreprise qui créait des enseignes commerciales. C’est lui qui m’a inspiré quant à l’importance de véhiculer un message clair. En fait, le design graphique me permet de combiner la création à la capacité de diffuser des messages qui ont de l’impact ».

Yan et le FME : un bon « fit » !

Yan est également très fier de participer au déploiement de l’identité visuelle du festival : « Ce n’est pas tous les designers graphiques qui sont à l’aise à travailler en événementiel, car les horaires sont particulièrement exigeants. Cela dit, travailler pour le FME me sort de mon quotidien « esseulé » et ça stimule ma créativité au plus haut niveau. Et je tripe sur le FME comme festivalier. C’est un bon « fit » comme on dit. », conclut avec enthousiasme Yan.

L’an prochain, lorsque vous déambulerez sur le site et que vous verrez tous ces éléments qui animent le paysage visuel du FME, ayez une pensée pour Karine, Yan et pour tous ces créatifs qui œuvrent dans l’ombre afin de vous faire vivre une expérience mémorable.

Yan Marchildon
Yan Marchildon / Crédits photo : Dominic Mc Graw

SARATOGA : FME TU M’INSPIRES!

À travers l’effervescence d’une fin de semaine au FME, le spectacle tout en douceur du duo folk Saratoga a permis de prendre un temps d’arrêt, de se poser dans l’ambiance intime de l’église Immaculé-Conception. En performance le samedi soir à 18 h, Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse nous ont transportés dans leur monde grâce à une jolie mise en scène et des anecdotes savoureuses. Je les ai rencontrés quelques heures avant leur prestation : tous assis dans un petit escalier à l’extérieur de l’église, nous avons discuté du FME, de leurs projets futurs et de création.

SARATOGA ET LE FME : UNE HISTOIRE D’AMOUR

Saratoga a une connexion spéciale avec le FME, ou « notre festival d’amour », comme l’appelle affectueusement Chantal Archambault. Le duo s’y est produit en spectacle plusieurs fois, tellement qu’il ne sait plus si c’était trois, quatre ou cinq fois! « On essaie de venir toutes les fois qu’on peut, dès qu’on a du nouveau contenu […] Je suis tellement fière de ce festival-là qui arrive à attirer des gens qui ne viennent jamais en Abitibi, qui nous fait découvrir des affaires pas possibles! » L’auteure-compositrice-interprète ajoute que la culture de la découverte et l’amour de la musique sont bien ancrés dans le cœur des personnes venant de Rouyn-Noranda : « elles sont probablement les personnes les plus curieuses musicalement au Québec ».

Saratoga - FME - 2021
Saratoga – FME 2021 / Crédit photo : Thomas Dufresne

LA CRÉATION À DEUX

D’après Saratoga, la création n’est pas un exercice simple et prend beaucoup de temps. Les épiphanies sont très rares et ils sont exigeants. « Comme on est deux, ce n’est pas juste une voix qui parle. Tout ce qui est dit doit être porté par nos deux voix. On veut pouvoir chanter nos chansons longtemps sans se tanner ».

Récemment, un nouveau projet sur lequel Chantal Archambault était supposée travailler seule a pris une toute autre tournure : « Finalement, je pense que je ne suis pas capable de me passer de lui! (Rires) J’ai envie qu’on fasse ça ensemble ». Comme Michel-Olivier Gasse n’est pas fondamentalement militant, contrairement à sa partenaire, le travail en couple amène un équilibre : « Comme dans n’importe quoi qu’on a créé depuis le début, Chantal est l’étincelle, le moteur. Je suis plus contemplatif, elle est une abeille qui n’arrête jamais et qui a besoin de trucs qui la nourrissent. Elle part la machine et j’arrive après ». Cette complémentarité se fait sentir jusque dans la conversation, puisque les deux artistes bonifient souvent les phrases de l’autre et se lancent des fleurs à tour de rôle. 

L’IMPORTANCE DE LA FORÊT

Saratoga s’implique de plus en plus auprès de l’organisme Action boréale, qui veille à la sauvegarde de la forêt boréale. Présentement, c’est ce qui habite le plus Chantal Archambault. L’importance de la forêt boréale s’est même faufilée dans les projets de création du duo : « Je sens une responsabilité envers ma fille. Je ne peux pas rester là pour faire de la musique pour divertir. Je dois me rendre utile à une cause qui n’est pas la mienne, mais celle de leur futur ». Leur prochain spectacle sera donc créé autour du thème de la forêt et ne ressemblera à rien de ce qu’ils ont déjà fait. D’ailleurs, la forme est encore floue, mais selon Michel-Olivier Gasse, « ça va faire du bien de nous sortir du contexte du micro, de ne pas vraiment faire de déplacements sur scène, de sortir d’un spectacle semblable depuis les six dernières années. » Ce sera aussi l’occasion d’échanger avec le public et de le sensibiliser à cette cause.

Une amie m’a demandé juste avant l’entrevue, en blague, de demander à Chantal Archambault et Michel-Olivier Gasse s’ils s’aimaient toujours. Je vous confirme que oui, même si je n’ai pas eu à leur demander. Passer un moment avec Saratoga, c’est entrer dans un cocon plein de complicité et de douceur, à l’image de leur musique.

Saratoga - FME - 2021
Saratoga – FME 2021 / Crédit photo : Thomas Dufresne