Pour certains, un coup de tête se résume à acheter impulsivement la collection complète des Harry Potter sans prendre le temps de regarder le prix. Pour Oussama Affane ce fut de plier bagage et d’amorcer une nouvelle vie à 10 heures de route de chez lui, afin de vivre le grand amour. Comment un simple road trip dans la capitale du Cuivre a été l’amorce d’une idylle amoureuse entre un homme d’ailleurs et un festival bien d’ici? « J’ai toujours cru aux surprises de la vie », me dit-il en riant.
D’où viens-tu?
Je suis natif du Maroc d’une petite ville qui s’appelle El Jadida. C’est une petite ville côtière artistique un peu comme ici. Il y a beaucoup d’artistes, une très forte culture et les paysages y sont vraiment beaux. Je suis directement venu à Montréal en 2016 pour y faire des études. Après, je suis allé à Québec pour faire ma maîtrise et, de Québec, je suis venu à Rouyn-Noranda.
Se lancer dans l’inconnu
Je suis venu ici que pour le FME, grâce à un ami qui m’a demandé de venir. Au début, je ne voulais pas y aller. Je n’avais jamais entendu parler de Rouyn-Noranda. Même que la première fois qu’on m’a dit ce nom, je croyais que c’était une ville en Afrique. Je me suis finalement laissé convaincre par mon ami Patrick et je suis venu. Dès que j’y ai mis les pieds, ça été le coup de foudre automatique. Je ne sais pas ce qu’il m’est arrivé. Parfois, tu pars à un endroit et tu te laisses aller. Tu laisses ton avenir au destin et c’est ça qui est arrivé. Je ne peux pas te le dire à 100% si je vais rester ici, mais j’aime la ville. LE FROID, ÇA NE ME DÉRANGE PAS!
S’abandonner au festival et ses beaux yeux
Le FME a une forte influence sur moi. J’y suis venu 3 jours et c’était complètement fou. C’est une petite ville… et il y a des spectacles partout! J’aime dire que c’est un petit Montréal au niveau culturel. J’ai tout adoré. Je me rappelle que j’ai vu la murale de Richard Desjardins et c’est rester dans ma tête. C’est ce genre d’images qui m’ont convaincu de venir une première fois. Je me suis parlé à moi-même et j’ai réalisé que c’était un bel endroit et que je risquais d’y passer un bon moment. Une fois rendu sur place, je me suis dit : « Pourquoi ne pas rester ici ». Après, c’est le destin qui a continué de faire les choses.
L’effet WOW
Les spectacles, la qualité de la musique et la nature sont des choses qui m’ont marquées. Le plus étrange, c’est que le spectacle qui m’avait le plus surpris lorsque je suis venu… je ne l’ai jamais vu! Mais j’ai trouvé l’idée vraiment plaisante. On était partis au mont Kékéko pour voir un spectacle en haut de la montagne, mais on est arrivés en retard donc on l’a manqué. Malgré tout, j’ai vu les vidéos après sur internet et j’ai vraiment trouvé ça génial. Ce genre de choses qui sortent de l’ordinaire ont vraiment joué sur ma décision de rester ici. Voir le spectacle d’un artiste, dans la nature, à l’intérieur d’un canoë c’est un mélange qui est vraiment particulier. C’est comme si l’on avait dompté la nature pour la musique.
Aujourd’hui, comment vis-tu ton FME?
Premièrement, je prends des congés pour le FME. Mais ce qui m’a marqué c’est l’année 2020 pendant l’édition COVID. Je m’étais levé tôt le matin pour aller voir un show sur la rue piétonne au centre-ville. Juste après il a fallu qu’on se dépêche à aller voir un autre spectacle loin au lac Flavrian. Ensuite, je suis retourné en ville voir un autre concert. On a fini avec la nuit électro! C’est allé tellement vite, que je ne me rappelle même plus comment la journée s’est passée. Ça a été tellement fou.
Le « plus-value » du FME
La grosseur du festival! J’ai vu de gros festivals à Québec et c’est beau, mais c’est très grand… et moi la grandeur je trouve ça plate. Le FME, c’est grand aussi, mais je me sens près des artistes et c’est ça pour moi le plus important. En 2020, j’ai fait du bénévolat et j’ai rencontré des artistes avant leur spectacle et on parlait avec eux. On échangeait des histoires et on échangeait même nos contacts. C’est comme ça que ça se passe ici. Les artistes ont une ouverture qui n’est pas présente chez tout le monde et c’est facile de se faire des amis parmi les artistes. Même mes meilleurs amis sont des personnes qui faisaient des spectacles et que j’ai rencontrées après leur prestation. Ils m’ont invité et on a joué de la musique ensemble! Notre amitié a commencé comme ça!
Que dire à un indécis?
TENTE TA CHANCE! De mon côté, c’est la distance entre Rouyn et Québec qui m’a un peu bouleversé! Je me disais : « C’est au nord! Qu’est-ce que je vais aller faire là-bas! ». Mais quand tu viens, tu réalises que c’est quelque chose de singulier!
Loin de son Maroc natal, Oussama a su retrouver, entre la 7e rue et le lac Osisko, les bras grands ouverts d’un festival chaleureux et accueillant. Sans le dire, il reprend très bien les paroles de Boule Noire « Aimer d’amour, c’est aimer comme moi je t’aime ».
Article par Anthony Dallaire