Chaque année, ils sont des centaines à crier présents lorsqu’on les sollicite à grands coups d’infolettres. Amis du festival, ces travailleurs de l’ombre venus des quatre coins de la province font partie des essentiels pour garder le navire FME à flot. Aux bars, aux portes ou aux transports, ceux-ci réalisent leur mandat comme demandé et bien plus encore. Je me suis donc entretenu avec Guillaume Laroche, un joyeux bénévole, pour qu’il m’explique à travers ses anecdotes l’étendue de leur mission.
Le pourquoi du comment
À la base, j’adore le FME. Même avant de m’y impliquer, j’allais voir des shows. Je pense que c’est beaucoup parti du fait qu’il y a 6 ans, je travaillais au bar le Groove à Rouyn et on y recevait régulièrement des spectacles pendant le FME. Je me disais wow, c’est malade de voir une prestation pendant que je travaille… mais c’est dommage de ne pas en voir plus que ça, PARCE QUE JE TRAVAILLE! J’ai donc commencé à faire du bénévolat pour être un peu plus partout et juste avec ça je trippe bin raide!
En profiter plus que les festivaliers!
Je voulais le vivre pour de vrai! C’est ça qui m’a fait buzzer au début. Comme j’ai travaillé longtemps dans les restaurants et dans les bars, je me suis dit que j’aimerais m’impliquer dans ceux du FME. En plus, l’année 2020 c’était la plus belle année selon moi pour faire ça, parce que j’étais à la scène Desjardins au lac Kiwanis toute la fin de semaine. C’était tellement plaisant. Je me rappelle qu’entre bénévoles, on avait pris l’habitude de se faire des journées thématiques, comme de s’habiller tout en jaune pour un show. Je trouve ça tellement important de créer le party. On ne se contente pas de servir de la bière. On veut donner un spectacle nous aussi. On veut que les gens soient constamment dans un mood FME et aient du plaisir à tripper avec nous. Tu vois… ça, c’est ma paye!
Une journée dans la peau d’un gars de bar
C’est un sans arrêt ! Disons que le plus dur c’est de repartir la deuxième journée, parce que la première journée on finit tard ! En plus, souvent quand on fini, on se ramasse quelque part. Bref, on se lève et la bonne recette d’un bon matin c’est un petit resto déjeuner du genre St-Exupéry ou le St-Honoré. Après on part! On arrive au bar du site à 12 h. Ensuite, on remplit tous nos réfrigérateurs en s’assurant qu’on ne manque de rien et on monte notre bar. On sort les caisses du camion pour qu’il y ait assez de tout aux bonnes places. Une fois que c’est fait, on fait le service! Après, on recommence le remplissage pour ne rien manquer le soir. On finit à des heures pas possibles à chaque fois. Mais ça fait partie du jeu! ON NE VA PAS AU FME POUR DORMIR! On se dit qu’on dormira le dimanche au soir. Le vrai plaisir au FME, c’est d’être fatigué pendant quatre jours, mais d’avoir tellement de plaisir que tu t’en souviens même pu que tu es exténué.
Un musicien qui trouve son inspiration derrière le bar
Je te dirais que moi ce qui m’allume, ce sont les histoires et le festival, c’est de vivre des moments avec des gens que tu aimes. Oui, il y a des shows, mais l’ensemble est génial. Tout est FME cette fin de semaine là. C’est sûr qu’il va y avoir des histoires qui vont revenir et passer dans mes chansons. À un certain degré… il y a un peu de FME dans ma musique! En plus, avec la proximité des gens dans une petite ville, ça rajoute au processus. Tout le monde se connaît. Même les gens de l’extérieur embarquent dans notre monde. Tous se croisent dans le même mode festif.
Je pense que ça serait bien dur de le retrouver ailleurs. J’ai déjà pensé aller à l’extérieur pour faire de la musique. Mais je me rends compte, pour vrai, qu’on doit être l’une des villes les plus florissantes et les plus culturelles du Québec. On a énormément à m’offrir ici en tant qu’artiste. Je ne pense vraiment pas que j’ai tout vu en région.
J’ai d’ailleurs rencontré Oussama Affane au FME et on a fini par faire un projet ensemble, sur l’une de ses chansons Ya aller. On a tourné un vidéo-clip et on a enregistré à plusieurs. C’était vraiment un beau projet. C’est la Mosaïque Interculturelle de Rouyn-Noranda qui a produit ça. Dans la chanson, il y a des gens de plein de nationalités qui chantent ou qui participent en jouant des instruments. Le projet, c’était pour parler de l’intégration des immigrants à Rouyn et montrer à quel point c’est une belle ville accueillante. J’ai trouvé ça fantastique qu’Oussama m’approche pour faire ça. Quelque part, c’est à cause du FME. On a chillé ensemble, les deux, on savait qu’on faisait de la musique et à un moment donné ça a cliqué et ça a donné ça.
La générosité comme monnaie d’échange
J’ai l’impression que dans un sens, c’est le festival qui a donné le goût aux bénévoles de participer, mais aussi de lever son jeu d’un cran. On se dit tous : « Je ne vais pas là à peu près ». Je pense que les bénévoles sont chanceux et gâtés par le FME. On peut avoir des shows gratuits et avoir plein d’autres beaux privilèges. Donc, je crois que c’est du donnant donnant. On est contents d’être bénévoles. Le festival s’en aperçoit et nous remercie. GÂTE LE FESTIVAL PARCE QUE LE FESTIVAL VA TE GÂTER!
Après ces mots qui me donnent une soudaine envie de faire du bénévolat, je m’interroge à savoir la prochaine étape pour Guillaume. Comment un bénévole qui semble si comblé et heureux de son implication pourrait-il bien boucler la boucle de son histoire ? Pour lui, la réponse semble simple : « En étant moi-même sur la scène », me dit-il en souriant.
Un appel lancé dans l’univers qui lui vaudra une participation quelques semaines plus tard à la virée régionale d’Au pays des pick-up, une coproduction du FME et du Petit Théâtre du Vieux Noranda. Comme quoi… les murs ont des oreilles!
Article par Anthony Dallaire