Prendre un verre et relaxer en regardant la culture s’époumoner devant soi est le plaisir de tous les festivaliers présents au FME. Malgré tout, pour le Rouynorandien Jonathan Lemay, ces trois lettres sont plutôt synonymes d’implication bénévole et de gros maudit plaisir!
Se passant presque de présentation, Jonathan, dit « Jo » Lemay, est sans doute l’un des noms les plus fréquemment mentionnés dans la MRC de Rouyn-Noranda dans les dernières années. S’étant lancé à l’aveugle dans l’aventure de l’altruisme, Jo était loin de se douter jusqu’où son action bénévole et sa bonne volonté allaient le mener. Néanmoins, cultiver ses légumes dans le jardin de l’incertitude, aura été très payant pour lui : encore aujourd’hui, il récolte les fruits de ses actions.
Attelé à la tâche depuis quasiment les premiers jours du FME, ce dernier cache mal sa déception d’avoir raté en 2003 la première année de l’événement. « Je suis bénévole depuis la deuxième édition, parce que j’avais malheureusement manqué la première. Ça m’intriguait beaucoup ! Je me demandais “c’est quoi ce nom-là : Festival de musique émergente” ». Sans se poser davantage de questions, le natif de Rouyn-Noranda eut tôt fait de rattraper sa bourde, en proposant son aide l’année suivante. Depuis, il entretient une réelle histoire d’amour avec les différents rôles qu’il occupe.
L’ami de tous
L’intérêt qu’il accorde à la proximité que lui donne le festival à la communauté et l’univers culturel est considérable. Et pour cause! Qui ne serait pas pâmé de joie devant la possibilité d’ouvrir un tantinet le vase hermétique de la vie publique et des relations avec les artistes. « C’est des moments uniques! Tu rencontres des gens. Tout le monde est de bonne humeur. Moi je suis un gars de public. J’aime beaucoup la proximité que ça crée avec les gens ». Ces mots résonnent. Un peu à l’image d’un salaire informel, les contacts humains semblent ravir l’homme de 43 ans. Des relations qui, avec le temps, lui ont permis de capitaliser sa générosité. Maintenant, qu’importe la raison, on pense à lui! Lorsqu’on le voit, on le reconnaît ! Quand on lui parle, on lui propose une bière!
Assis devant moi dans le resto-bar l’Abstracto au centre-ville de Rouyn, je me refuse à prendre une gorgée de mon verre de peur de manquer une information des précieuses anecdotes que Jo a à me raconter. En 2006, grâce à son implication au festival, il peut assister à la prestation de DJ champion, qu’il juge comme le plus mémorable de sa vie. « Je me rappelle, il avait fini son show à 6 h du matin! C’est spécial, tu sors de la salle Paramount et il fait clair ! Tu te retrouves sur la rue Gamble et tu es encore en transe ». En 2017, à la 15e édition du FME lorsqu’il faisait le transport, lui, son co-pilote et ses passagers (Émile Bilodeau et Fred Fortin. Juste ça..!) réussissent à éviter une contravention d’excès de vitesse. « Je connaissais le policier », me dit-il en riant. En 2019, il se rend à Halifax grâce à un échange de générosité avec la communauté. Une histoire à l’image d’un conte de fées. S’envoler à bord d’un avion nolisé en direction du Scotiabank Centre et assister à la victoire des Huskies de Rouyn-Noranda sur les Mooseheads d’Halifax, en finale de la coupe Memorial. Le rêve! Sans parler de ses rencontres avec des personnalités connues comme Antoine Bertrand, porte-parole du FME en 2010. « Chaque fois que je le croisais, il me reconnaissait ! »
Opportunités
Je décide enfin de prendre une gorgée de mon verre avant d’enchaîner ma prochaine question. Mais comme si Jo devinait exactement où je me dirigeais, il me souligne instinctivement sa participation au livre du photographe témiscabitibien Marc-Olivier Thibault. Un ouvrage lancé à la librairie Livresse de Rouyn-Noranda le 21 mai dernier. Compilant des portraits de personnalités connues de la région, passant de Diane Dallaire, mairesse de Rouyn, à Khate Lessard une influenceuse amossoise révélée à Occupation Double. La question devenait donc naturelle : comment se sent-on lorsqu’on figure entre les clichés de personnes qu’on admire autant? « Je suis très content! Crime, on ne s’attend jamais à ça! Écoute, à la base je ne fais pas ça pour les récompenses! Mais en même temps, se retrouver dans le même livre que la mairesse c’est plaisant ». On sourit les deux à cette réponse.
Aujourd’hui, lors de l’entrevue, à l’aube de la sortie de l’ouvrage, Jo reste humble et me rappelle que le fait d’aider les gens est quelque chose qui bouille en lui depuis sa jeunesse. Qualifiant sa participation au festival comme sa plus grosse implication dans le monde culturel, il a visiblement ces lettres tatouées sur le cœur. À l’image de Gordie Howe, Jo Lemay ne voit pas la fin de sa carrière de bienfaiteur s’arrêter de sitôt. Et pourquoi ? « Le sentiment d’appartenance! Je suis fier de faire partie du FME ! ».
D’ici là, Jo entrevoit l’année 2021 du bon œil. Beau temps mauvais temps, on risque de le croiser plus que jamais dans un festival près de chez nous.
Article par Anthony Dallaire