Tous les articles par Abitibi/Montréal

King

Steve Dumas a le don pour faire sortir la jeune fille de 17 ans en chacun de nous. C’est ce qu’il a fait hier avec brio en commercialisant son hashtag #surlapistededanse et en faisant un parallèle entre la capacité de l’Agora des Arts versus la population total de Rouyn-Noranda ce qui en revient à dire qu’il jouait au Stade Olympique.

Dumas - Quartiers d'Hiver

Belle métaphore, mais on a eu peur que le toit s’effondre tout le long du show.

Pour ma part, c’est juste avant que l’aiguille sorte de la botte de foin avec la solide prestation du jeune Simon Kingsbury. Un spectacle sans stroboscopes ni feux d’artifices, uniquement un homme avec ses compositions et sa présence scénique vulnérable, honnête et franchement bien livrée.

simon-kingsbury-quartiers-hiver-02

Sa chemise bleue poudre était frippée. Il s’est probablement inscrit aux tests cliniques d’Algorythme Pharma pour se payer une Godin 5th Avenue couleur cerise made in Quebec. Terre à terre, accessible, il a conquis son public une personne après l’autre, avec un registre intimiste et dynamique à la fois et mettant toujours les textes en avant plan.

pecher-rien-simon

Ça fait maintenant un bout que Stéphane Lafleur nous as dit que la journée qui s’en vient est flambant neuve. Simon Kingsbury représente à merveille le folk rock moderne, intelligent, raconteur et légèrement blasé qui livre avec justesse le mal de vivre du quotidien sans pour autant sombrer dans le fin fond de l’océan Pacifique.

Pour en savoir plus sur ce jeune auteur-compositeur-interprète, je vous invites à consulter son questionnaire Quartiers d’hiver

 

Three night stand

Le FME est reconnu pour nous plonger dans un univers musical fantastique le temps d’une fin de semaine. Force est d’admettre qu’à chaque année, on nous surprend davantage avec des décors envoûtants, des expériences d’art social interactives ainsi que des installations mécaniques et architecturales évoluant autour de la thématique annuelle. Deer bunny snake wolf robotique.

Le paysage d’une ville se doit d’être dynamisé par l’art. Ça favorise l’économie, le sentiment d’appartenance à un quartier et augmente la dose d’endorphine que tu reçois chaque matin en allant travailler. Des autobus de Chinois qui débarquent avec leurs kodaks et un shirt de Mickey Mouse, c’est pas juste au stade olympique que ça peut arriver. Pour ça, il faut faire un effort collectif afin d’y arriver.

Le but derrière l’initiative, c’est de transformer l’eau en vin. Donner une seconde vie à un lieu désuet, simpliste, brûlé, mort, abandonné par sa mère dans un centre d’achat à Laval.

L’enseigne du vieux K-Mart a laissé une trace de rouille sur le nouveau Tigre Géant. Le bureau de poste qui est passé au feu en ‘73 est maintenant couvert de messages haineux provenant de mauvaises tounes des années 90. La fontaine de la Milice des Forces canadiennes pousse un jet d’eau de la puissance de l’abreuvoir d’une école défavorisée du tiers monde. Avant de s’en rendre compte, le panorama de ta région ressemble à un ghetto dans l’coin de Détroit, ville du rock.

Au cours des dernières années, le FME mise davantage sur des expériences artistiques et interactives afin de créer une ambiance de mise pour les festivaliers. Ces oeuvres, souvent éphémères, viennent enrichir et dynamiser l’aspect musical et rehausse les prestations uniques et mémorables. La musique comme coeur, le décor comme cage thoracique.

En parallèle, la ville de Sudbury nous offre le UP HERE, un festival qui met l’art visuel en avant plan et ensuite nous offre des prestations musicales. C’est dans un esprit de communauté que l’événement dynamise le centre-ville qui va gagner en charme d’année en année. Les murales créées pendant l’événement par une multitude d’artistes locaux et invités sont faites pour rester dans le paysage. Paysage de plus en plus éclaté de la ville franco-ontarienne de 160 000 habitants. C’est ça qu’on appelle bâtir sur ses acquis.

Le désavantage avec le décor envoûtant du FME, c’est qu’il est pas là pour rester. C’est comme un one night sauf que c’est trois nuits. Les projections hypnotisantes sur l’Agora des Arts, la porte du paradis de la 7e toujours gardée par des créatures mécaniques du royaume animal, les expériences sociales qui nous permettent de s’exprimer et de se questionner en tant qu’individu ou communauté. Boom. Disparu.

Le post-FME, c’est toujours une drop pour le moral et la Compagnie Créole n’y changera rien. C’est important de mettre de la lumière sur le chemin de Jacques qui vend des assurances. D’augmenter le sentiment d’appartenance du petit Jimmy qui se promène en BMX dans l’vieux. De mettre un peu d’chaleur dans le coeur de Léo qui va chercher son café gratis au McDo.

Garder l’oeil ouvert. Quartiers d’Hiver c’est maintenant.
The present (and the future ?) looks bright.